Patrimoine Suisse – section vaudoise

PRESENTATION DE LA SECTION VAUDOISE DE PATRIMOINE VAUD

Par Béatrice Lovis, Présidente

Je tiens à remercier en préambule Monsieur Georges Darrer pour m’avoir donné l’opportunité de présenter Patrimoine suisse lors de l’Assemblée générale 2018 de Pro Novioduno. Cette rencontre a été l’occasion de faire connaissance et, surtout, de mieux connaître nos activités et fonctionnements respectifs. Le texte qui suit reprend en grande partie les propos que j’avais développés.

Quelques chiffres

Commençons par présenter en quelques chiffres la section vaudoise de Patrimoine suisse, que je préside depuis bientôt deux ans. En premier lieu, la date de 1910, qui est l’année de la création de la section. Elle forme l’une des 26 sections cantonales qui sont rattachées à l’association faîtière Patrimoine suisse, qui a son siège à Zurich (Villa Patumbah). Connue par certains sous son ancien nom « Société d’art public », c’est en 2008 que l’association a adopté sa dénomination actuelle, à savoir « Patrimoine suisse, section vaudoise ».

981, c’est le nombre actuel de ses membres. Elle est ainsi la 4e plus grande section cantonale, après celles de Berne, Zurich et du Tessin. Patrimoine suisse compte environ 14’000 membres à travers toute la Suisse. Mais comme la plupart des associations culturelles, elle rencontre un problème d’érosion de ses membres, ce qui l’oblige à redoubler d’efforts pour coopter de nouveaux adhérents.

22, c’est le nombre de membres composant le comité de la section vaudoise. Ce comité est composé essentiellement d’architectes (9). Mais on y trouve aussi quatre avocats et juristes, un ingénieur, un archéologue, une restauratrice, un enseignant, une experte en finance et deux historiennes de l’art. Mon souhait est de recruter dans un avenir proche quelques historiens des monuments expérimentés.

1998 est l’autre date clé de la section, qui hérite cette année-là d’un domaine prestigieux, celui de La Doges, situé sur les hauts de La Tour-de-Peilz. La Doges comporte une maison de maître du XVIIe siècle, remaniée aux XVIIIe et XIXe siècles,

un rural, diverses dépendances, des prés ainsi qu’un très beau parc qui ouvre sur le lac et les Alpes

Les vignes environnantes ont été léguées à la Confrérie de Vignerons. La propriété a appartenu à la famille Palézieux pendant près de 200 ans. Ses descendants, Odette et André Coigny-de Palézieux, l’ont léguée avec son mobilier, les œuvres d’art, la vaisselle, les archives, etc. L’ensemble du domaine a été classé Monument historique en 2003 (recensé en note 2, à savoir d’importance régionale). Ce legs extraordinaire était accompagné d’un capital dont les intérêts permettent d’entretenir le domaine et de le faire vivre grâce à diverses activités culturelles.

Objectif I – Sauvegarde

Quelle est la mission de Patrimoine suisse, section vaudoise ? Quels sont ses objectifs ? Et quels moyens a-t-elle pour y parvenir ? La section s’engage, tout comme l’association faîtière,

pour la protection et la conservation du patrimoine bâti et paysager, allant du mur de vigne au château le plus prestigieux. Lors de la prochaine révision de ses statuts, il est prévu d’élargir son champ d’action au patrimoine mobilier et immatériel, également menacés.

Un élément important de son travail est de suivre avec attention les dossiers de mise à l’enquête, comme le fait aussi Pro Novioduno. Elle s’oppose aux projets qui ne respectent pas les règles en matière de protection du patrimoine. Pour faire ce travail, qui est très conséquent au vu de la taille du canton de Vaud (plus de 3000 km2), il existe une Commission technique qui est composée essentiellement d’architectes. Présidée par Hans Niederhauser, elle se réunit dix fois l’an pour juger de l’opportunité ou non de faire opposition à des projets de transformation ou de démolition. C’est sur le préavis de cette commission que le Comité se prononce. Le vote du Comité peut toutefois se faire après le dépôt de l’opposition, étant donné les délais parfois très courts imposés par les mises à l’enquête.

Au même titre que Pro Natura ou le WWF, la section vaudoise est l’une des rares associations du canton à pouvoir faire recours si son opposition est levée sans que des améliorations substantielles aient été proposées. C’est un élément crucial pour faire pression, que toutes les sections cantonales ne possèdent malheureusement pas.

Pour exercer cette surveillance, le territoire a été découpé en des zones analogues à celles de la section cantonale Monuments et Sites (M&S). Jusqu’en 2018, il était divisé en 4 zones géographiques (en 6 zones depuis 2019). Nyon est inclue dans la zone qui est la plus étendue de toutes, qui va de Coppet à Orbe en passant par Allaman, englobant ainsi presque tout l’arc jurassien. Au niveau cantonal, c’est le conservateur Ulrich Doepper qui est en charge de cette zone ; chez Patrimoine suisse, ce sont les architectes Esther Stierli et Evelyne de Reynier. Christiane Betschen, ancienne présidente, se charge quant à elle de la vallée de Joux. Mme Betschen, qui connaît très bien le territoire, dépouille systématiquement les FAO et alerte nos responsables de

région dès qu’un objet doit être vérifié sur place ou dès qu’un PPA/PGA peut être problématique. Cette tâche de surveillance à travers le territoire vaudois est d’autant plus lourde que M&S, en sous-effectif, ne peut assurer celle des notes 3 et 4. D’une certaine manière, Patrimoine suisse se substitue à l’Etat, ce qui est problématique.

Des contacts réguliers sont entretenus avec les collaborateurs de M&S et la Ville de Lausanne. Cette dernière organise plusieurs fois l’an des réunions pour discuter de projets d’une certaine importance, réunions lors desquelles notre section peut exprimer ses critiques/remarques. Le but de ces séances est de faciliter la communication et, si possible, d’améliorer le projet en amont pour éviter un blocage lors de la mise à l’enquête.

Objectif II – Valorisation

La seconde tâche très importante qui incombe à Patrimoine suisse est la valorisation du patrimoine. En effet, en valorisant notre patrimoine bâti et paysager, la population prendra conscience de son importance et il sera moins nécessaire de se battre pour sa sauvegarde.

Il existe divers moyens pour le valoriser et surtout pour informer. L’un d’eux est de fédérer les associations locales et régionales de défense du patrimoine en organisant des séminaires à leur intention. Le but est de s’informer mutuellement sur des sujets d’actualité et de débattre de thèmes d’intérêt commun. Le dernier séminaire, qui s’est déroulé à La Doges en novembre 2018, avait pour thème la « Mise en couleur des bâtiments – entre arbitraire et systématique ».

Des excursions et visites guidées sont organisées pour nos membres mais aussi pour le grand public. L’année 2018 était l’Année européenne du patrimoine culturel. A cette occasion, les sections romandes se sont associées pour créer l’opération « Clou rouge ».

Un clou rouge en métal de 60 kg mesurant 1m70 a été posé à proximité immédiate d’un édifice qui a été restauré dans les règles

de l’art ou qui a fait l’objet d’une mise en valeur particulière.

«Planté » à 17 reprises sur l’ensemble du territoire romand lors de manifestations festives, il a rencontré un grand succès sur sol vaudois.

Du 21 avril au 19 mai, plus de 3’000 visiteurs ont eu l’occasion de visiter le Château de l’Aile et la Salle del Castillo à Vevey (ill.), le Château de Cheseaux et les Anciens Moulins Rod à Orbe.

Un autre moyen pour valoriser le patrimoine est de récompenser les propriétaires, les communes ou associations particulièrement méritantes. Raison pour laquelle mon prédécesseur, Denis de Techtermann, a créé en 2007 la Distinction vaudoise du patrimoine, qui est un prix honorifique attribué tous les deux ans. En 2016, les Archives de la construction moderne de l’EPFL ont été honorées ; en 2018, une double distinction a été attribuée aux restaurations exemplaires du Château de l’Aile et de la Salle del Castillo.

Pour valoriser, il faut aussi savoir bien communiquer, élément qui est trop souvent négligé. La section vaudoise a divers outils à disposition. Tout d’abord son journal A Suivre qui paraît trois fois l’an. Il est utile pour informer ses membres sur les activités organisées et ses prises de position. Des articles sur des architectes vaudois y paraissent régulièrement, rédigés par des historiens des monuments, confirmés ou qui viennent de terminer leurs études.

Le site internet de la section, refait à neuf en janvier 2018, est une carte de visite très importante. Depuis sa mise en ligne, plus de 50 adhésions se sont faites via le site (www.patrimoinesuisse-vd.ch). Créée depuis peu, la page Facebook de la section permet d’avoir un impact immédiat lors d’annonces d’événements et de la faire connaître plus facilement auprès de personnes qui ne sont pas

membres mais qui potentiellement pourraient le devenir. A titre d’exemple, le post concernant le Clou rouge à Vevey a été vu plus de 12’000 fois et 2’400 personnes ont réagi à la publication. Ceci a permis de palier à l’absence d’intérêt de certains médias traditionnels.

Il me tient à cœur d’exploiter au mieux l’extraordinaire potentiel du domaine de La Doges, notamment en mettant sur pied des visites guidées de qualité. Des portes ouvertes sont organisées tous les derniers samedis du mois. Ce n’est toutefois pas suffisant : il faut mettre l’accent sur la jeune génération, qui héritera de notre patrimoine. Pour ce faire, des visites pour les classes seront proposées dès cet été. Donner des cours grand public autour du patrimoine, louer la salle de séminaire aux associations, organiser des concerts dans le grand salon historique ou dans le parc, programmer des spectacles dans la grange qui vient d’être restaurée : ce sont tout autant d’activités qui permettent de faire vivre ce lieu d’exception, de défendre la cause du patrimoine et de combattre par la même occasion le déficit d’image dont souffre Patrimoine suisse, en particulier dans le canton de Vaud.

En effet, une enquête de l’association faîtière nous a fait réaliser qu’en Suisse romande 57% de la population n’a jamais entendu parler de Patrimoine suisse, alors qu’en Suisse alémanique, ce pourcentage se réduit à 14%. L’association souffre d’une image négative à cause de ses oppositions et recours qui empêchent des projets de se réaliser. Une fois encore, la communication est cruciale pour expliquer le pourquoi de notre démarche. Le travail de valorisation en amont est d’autant plus important pour convaincre ensuite la population du bienfondé de notre position. Il s’agit de l’un des plus grands défis de mon mandat de présidente, à savoir faire connaître l’association au-delà du cercle restreint des fidèles défenseurs du patrimoine, mieux communiquer nos objectifs et actions, et convaincre les autorités politiques et les Vaudois en général de la légitimité de notre démarche.

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Plusieurs activités sont organisées exclusivement pour les membres. Cotisation 60. – http://www.patrimoinesuisse-vd.ch/